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Marché de l'art : Bilan du premier semestre 2024

Au cours du premier semestre 2024, le marché de l'art, en particulier celui des ventes au enchères, a enregistré une baisse significative de la valeur des ventes, les oeuvres majeures se faisant toujours rares depuis le début de cette année.


Néanmoins, les résultats obtenus par les maisons de vente aux enchères ont su montrer que l'art demeure un investissement tangible, même en période de ralentissement.


Rappelons que les difficultés macroéconomiques qui ont touché l'Europe et les Etats-Unis en 2023 se sont poursuivies en 2024, affectant les résultats des salles de vente dès le début de cette année. Aussi, les enchères de janvier à New York, centrées sur les Maîtres Anciens, ont reflété cette tendance. Alors qu'un tableau de Rubens atteignait près de 27 millions de dollars en 2023, les records de janvier 2024 se sont limités à 6 millions de dollars pour la sculpture en bronze "Sleeping Nymph" de Giambologna, proposée par Christie's. Malgré ce recul, ce montant reste notable, dépassant de cinq millions l'estimation moyenne, ce qui témoigne d'une demande encore soutenue pour des œuvres rares.


Giambologna, Sleeping Nymph, © Victoria and Albert Museum, London

Les ventes d'art impressionniste, moderne et contemporain qui ont suivi ont confirmé cette dynamique. La meilleure adjudication du premier trimestre de l'année revient à René Magritte, dont la toile "L’Ami intime" a été cédée pour 43 millions de dollars, se positionnant ainsi comme la deuxième meilleure vente de l'artiste. Ce succès souligne la détermination des grands collectionneurs, malgré une raréfaction ponctuelle de l'offre haut de gamme, une tendance observée depuis 2023.


Cependant, la baisse des ventes publiques pourrait paradoxalement dynamiser le marché privé, offrant ainsi une stabilité précieuse en période de ralentissement, tout en préservant la valeur des œuvres au-delà des périodes de pointe.

En effet, si le segment des œuvres de prestige montre certains signes de stagnation, d'autres secteurs du marché restent dynamiques. En 2023, le marché de l'art a atteint un record historique avec plus de 760 000 transactions, et le premier trimestre 2024, avec 155 000 ventes, confirme cet engouement. Une des forces motrices de cette vitalité est la digitalisation croissante des ventes aux enchères, qui, en élargissant l'accès et la durée des enchères, a attiré une clientèle plus jeune. Par exemple, chez Phillips, près de la moitié des acheteurs en 2023 étaient des primo-accédants, avec un tiers provenant des générations Y et Z.


Le marché de l’art au premier semestre 2024 en chiffres



Le Marché des artistes femmes en pleine ascension : une dynamique inédite en 2024

La politique d'acquisition proactive des musées en Occident, combinée à l'intérêt croissant des collectionneurs privés, a propulsé le marché des artistes femmes au rang des plus dynamiques aujourd'hui. Le nombre de ventes les concernant a doublé en cinq ans et triplé en dix ans. Quel que soit le courant artistique ou l'époque, les prix des œuvres de femmes artistes de renom sont en nette progression, alimentés par une concurrence de plus en plus intense.


Élisabeth Louise Vigée Le Brun, Autoportrait en costume de voyage

En janvier dernier, un "Autoportrait en costume de voyage" de la portraitiste française Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) a été adjugé à 3 millions de dollars chez Sotheby’s, dépassant de trois fois son estimation haute. Ce pastel établit non seulement un nouveau record pour l’artiste dans la catégorie "dessin", mais place également ses œuvres à un niveau de prix supérieur à celui de Maurice-Quentin de La Tour, son contemporain masculin.

Ce résultat témoigne de l'intérêt croissant pour les rares peintres féminines historiques. Élisabeth Louise Vigée-Lebrun, peintre officielle de Marie-Antoinette, est l'une des figures emblématiques du XVIIIe siècle, comparable à celles que la National Gallery of Art de Washington cherche activement à intégrer dans ses collections.


Il est également notable que les musées occidentaux redoublent d'efforts pour acquérir des œuvres de femmes artistes, conscientes de leur sous-représentation.

Les ventes de mars ont confirmé cette tendance à la revalorisation des artistes féminines. Lors des enchères d'art moderne et contemporain à Londres, Sotheby’s a rapporté que 60 % des œuvres réalisées par des femmes avaient surpassé leurs estimations hautes. Par exemple, Françoise Gilot, connue pour sa relation avec Pablo Picasso, mais également reconnue pour ses talents de peintre et d'écrivaine, a vu son "Portrait de Geneviève" (1944) atteindre 922 000 $, soit près de quatre fois son estimation haute.

D'autres artistes comme Etel Adnan, Rebecca Warren, Agnes Martin et Cecily Brown ont également largement dépassé les attentes. Les jeunes talents ne sont pas en reste, à l'image de Jadé Fadojutimi, une Britannique, qui a battu un record mondial en mars avec une œuvre vendue à 1,98 million de dollars après six minutes d'enchères intenses. Plusieurs institutions culturelles, désireuses de ne pas répéter les erreurs du passé, ont déjà intégré des œuvres de Fadojutimi dans leurs collections permanentes, faisant d'elle la plus jeune artiste à rejoindre la collection permanente de la Tate Modern à Londres.


Les principales tendances observées l'année précédente – rareté des chefs-d'œuvre, augmentation des transactions et engouement pour les artistes femmes – se sont confirmées au premier semestre 2024. Dans les mois à venir, le marché pourrait être influencé par la mise en vente de collections d'exception, similaires à celles de Paul Allen ou de Thomas et Doris Ammann, qui avaient généré deux milliards de dollars en 2022. Seule l'arrivée aux enchères de pièces majeures pourrait dynamiser un marché encore hésitant en ce début d'année 2024.



















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